BILAN CAMPAGNE - 2015.
A l'aube de la nouvelle saison qui approche à grands pas et bien que nos pensées se dirigent plus vers les nouvelles variétés que l'on va cultiver, il est plus que temps de faire le bilan de la saison 2015.
Celle-ci restera dans les mémoires comme une année encore très spéciale au niveau climatique, si 2014 a été une année exceptionnelle au niveau quantité de précipitation, 2015 l'ai également mais à l'opposé...En effet le déficit pluviométrique pour l'ensemble de l'année est phénoménal. Le printemps bien qu'ensoleillé a connu des nuits très fraiches pour ne pas dire froides et ce jusqu'à début juillet. Ce phénomène entrainant des désordres dans la nouaison provoquant la prolifération de fleurs de type "chat" donnant naissance à des fruits difformes si on oubliait de les supprimer. Ensuite se sont les coups de chaleur extrêmes qui ont mis à mal les plantations brûlant, en passant, pas mal de bouquets provoquant par la même des à coups dans la production. Les arrosages manuels, plus ou moins excessifs, ne remplaçant pas une bonne pluie ont entrainé l'apparition de "cul noir"dans beaucoup de jardins. Ensuite l'automne fut plutôt clément malgré une dizaine de jours de fraicheur fin septembre. Les récoltes se sont terminées très tard, pour ma part le 24 novembre, jour où une gelée de -9°C sonna la fin de la saison.
Au niveau des récoltes le bilan est plutôt bon, la durée de production ayant été plus longue qu'à l'ordinaire, ce qui a permis d'effacer le déficit engendré par les coups de chaleurs de l'été. Celle-ci aurait pu être encore supérieure sans les dégâts, non négligeables, imposés par une invasion de noctuelles favorisée par la météo clémente. En effet nonobstant la mise en place de pièges à phéromones beaucoup de fruits immatures ont du être détruits car endommagés par les chenilles. Selon les variétés la disparité de production est très importante, pour mémoire citons les "belles italiennes": Riccio di Parma, Nanni Bao, Gigante del Re, Canestrino di Garfagnana, Belmonte vero Calabro qui loin de leur terroir bien ensoleillé nous ont offert, en Auvergne, des fruits au-delà de toute espérance et ce jusque tard dans la saison. Le record de la plus grosse tomate revenant à Vedmezha Lapa pour une tomate de 1.192 kg récoltée de plus en novembre! En vrac citons les variétés qui m'ont laissé un bon souvenir: 'Goliath' pour sa production régulière et importante tout comme 'Bread and Salt', 'Nature Riddle' pour une bonne production de fruit magnifique et délicieux mais plutôt de seconde partie de saison, 'Negrillo del Almoguera' beau et bon fruit, Polish Night' nouveauté 2015 de Tom Wagner, 'Kozula 136' production moyenne mais des gros fruits excellents,'Copper River', 'Coeur de surpriz', 'Marmande de Montpellier', 'Max large Green', les incontournables comme 'Berkeley tie dye', 'Beauty King', 'Belle du collège', 'Surpriz' 'Captain Lucky', 'Cherokee lime stripes' et pour finir les heirlooms bien connus que sont 'Hillbilly', 'WagonWheel', 'Peppermint', 'Virginia sweet', 'Severnaya Korona', 'Hazel Mae', 'Grandma Viney Yellow and Pink' etc...(j'en oublie forcèment..)
Au niveau des déceptions, en premier lieu "First Mate" qui n'aura fourni que 2 fruits mais quels fruits! ce qui est d'autant plus frustrant, une seconde chance lui sera donnée en 2016. Une grosse déception: se sont les variétés dites "wooly"comme les "Yamali"et autres, je ne vois toujours pas leurs intérêt, mis à part le fait d'être protégées, par la présence de ce duvet, un peu plus efficacement contre le mildiou, ce qui d'ailleurs n'est pas formellement démontré. Toutes les variétés, sans exceptions de ce type cultivées cette année ont subi des désordres physiologiques au niveau de leurs croissances donnant des plants rabougris (Primary colors angora, Green Wooly Zébra) ou alors ayant perdues leur extrémité produisant des pieds au port improbable voire ingérable (les 3 variétés de Yamali et Wooly Kate Yellow). En règle générale mis à part quelques unes, toutes les variétés "bleues"m'ont déçu par leur goût insipide, sans saveur voire pas bon! Je sais que le goût est une affaire très subjective et ce qui plait à l'un peut déplaire à l'autre, mais pas mal de personnes de mon entourage partage mon opinion. Bien sûr elles sont magnifiques et pour le photographe amateur que je suis elles font l'objet de superbes photos, mais belles et bonnes sont deux qualificatifs qui ne s'accordent guère ensemble quand il s'agit de tomates "bleues". Par exemple "Gargamel" une vraie beauté mais quasi immangeable, j'en ai gardé une 3 semaines dans ma véranda, elle s'est à peine fripée. Les breeders vantent leurs capacités de garde certes mais elles demeurent quelconques pour les "meilleurs" d'entres elles et quasi immondes pour les autres. Certains vont me juger sévère car à contre courant d'une mode qu'il est d'ordinaire de bon ton de suivre.
D'ailleurs notre ami à tous pour ne pas dire notre maitre, Ambiorix, alias José Antoine, tire depuis quelques temps la sonnette d'alarme sur le danger que représente cette mode de la"tomate bleue", il l'a d'ailleurs surnommée "la peste bleue"ce qui est on ne peut plus explicite et je vous invite à lire ces articles qu'il publie régulièrement. La preuve en est qu'il arrive de plus en plus fréquemment de trouver des hybridations naturelles du gène "bleu" sur des variétés dites traditionnelles: un cas précis chez Pascal Antigny sur un plant de "Ledoux Special" cultivé à proximité de variétés bleues, celui-ci présente des trâces d'anthocyanes (voir photo) sur ces fruits.
En conclusion et pour rester sur une note optimiste, il reste énormément de vieilles variétés à découvrir ou à redécouvrir qui savent allier beauté et saveur. D'ailleurs certains sites de vente spécialisé comme TatianaTomatobase, pour n'en citer qu'un, mettent à l'honneur ces variétés héritages nous en offrant chaque année de nouvelles sortes.